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Nos héros de la grande guerre : Louis Corentin Marie RANNOU (1883-1948)

 

   

 

Incorporé au 2è Régiment de chasseurs à cheval basé à Pontivy, de soldat de 2eme classe en  novembre 1904, Louis Corentin RANNOU devient cavalier de 1ere classe le 20/06/1905

 Ce régiment connu sous le nom des Dragons de Fimarcon a été instauré sous le régime de Louis XIV en 1673. On le retrouve dans presque toutes les grandes batailles (guerres de succession (1701, 1733 et 1740), guerre de sept ans (1756), guerres de Vendée (1797), Austerlitz (1805), bataille de Solférino (1859), Cote d’Ivoire, Tchad, Sénégal, Liban, Kosovo, Afghanistan, etc… jusqu’à sa dissolution définitive en 2009.

« In Utroque tremendus »

 

« Terrifiant dans tous les cas » telle est la devise du Régiment.

Le 2e RCC s’installe à Pontivy en 1886 dans le quartier « Clisson » dans les locaux de la caserne de gendarmerie créée sous Bonaparte quand Pontivy s’appelait Napoléonville. 

 

Quand Louis Corentin part aux armées le 04/10/1914, ce n’est pas au fameux 2eRCC qu’on le retrouve, bien qu’il y ait fait ses exercices (1910 et 1912) là bas, mais au 46e Régiment d’Infanterie où il se retrouve affecté. 

La création du 46e RI date de février 1644, on l’appelle alors le régiment Mazarin-Français. 

Sa devise : « Plutôt mourir que faillir »

 Et effectivement le 46e RI subira tout au long de son parcours de nombreuses pertes, lors de la grande guerre bien sûr, mais surtout lors de la 2nde guerre mondiale puisque le 10/06/1940, leur ligne de défense face à l’invasion allemande est mise à mal, et ne survivront alors que 96 hommes.

Extrait du journal du 46e RI (correspondant à l’arrivée de Louis Corentin en Argonne)

 « A la fin du mois d’octobre 1914, le régiment se trouve en face de Vauquois. Ce village, perché sur une colline abrupte, domine toute la campagne environnante. La position command e la vallée de l’Aire, depuis Varennes jusqu’à Clermont. Du haut de cet observatoire merveilleux l’ennemi surveille toute la plaine de notre côté et a des vues jusqu’à la ligne de chemin de fer Sainte-Menehould-Verdun.

Une première attaque contre cette position formidable est déclenchée. Un bataillon y prend part. Parti des tranchées de la Maize, à 2.000 mètres de Vauquois, il arrive jusqu’à la Cigalerie, une ferme au pied de la butte. De là, quelques mois plus tard partiront les grandes attaques, qui nous permettront de gagner la crête.

En novembre la 10e DI va occuper un secteur dans la forêt d’Argonne, Cette fin de 1914 a été, pour ceux qui ont vécu les journées et les froides nuits d’hiver en premières lignes, l’époque la plus pénible de la guerre. Dans cette forêt touffue, coupée de ravins profonds, il faut surveiller un ennemi invisible et cela dans des conditions matérielles épouvantables. Les tranchées existent à peine. La plupart sont inondées et une boue épaisse les rend difficilement praticables.

Pas d’abris et c’est l’hiver. Sous la pluie et la neige, par le froid, par le givre, nos soldats sont toujours vigilants, subissant tout, supportant privations et fatigues.

Le ravitaillement est difficile. A travers les layons, les voitures s’embourbent. Par les nuits sans lune, sous le ciel couvert la marche vers les premières lignes est très dure.

Le jour, c’est le bombardement avec les premiers engins de tranchées. Les projectiles aux formes bizarres, bourrés de cheddite, explosent de toutes parts, mêlés au tir intermittent de l’artillerie. Et sitôt que les premières ombres du soir s’étendent sur la forêt, la fusillade commence, incessante, jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

Il faut savoir ce que fait un ennemi qu’on ne peut savoir à travers les grands arbres. Des patrouilles partent, c’est au cours de ces randonnées sous bois que s’illustre le soldat Collignon, toujours volontaire pour aller au danger.

On se tient sur ses gardes. En face se trouve l’élite de l’Armée allemande que le Kronprinz commande en personne. Et l’on sait que celui-ci cherche à atteindre la voie ferrée de Verdun, pour empêcher le ravitaillement de notre forteresse.

Plusieurs attaques ennemies se déclenchent. Le 46e, en ligne à Bolante, repousse victorieusement les vagues d’assaut allemandes, le 20 décembre 1914, malgré des pertes sensibles.

Mais, le 8 janvier 1915, après un violent bombardement de nos lignes, l’ennemi réussit à s’infiltrer, aux Meurissons, par un trou qui s’est produit entre deux régiments. Un dur combat s’engage. Dans les tranchées, nos compagnies sont attaquées à la fois de front et dans le dos. C’est une lutte corps à corps acharnée, terrible. Cernés de toutes part, écrasés par le nombre, nous devons céder. L’ennemi n’ira pas loin. Une compagnie est en réserve, sous les ordres ud lieutenant Courtès. Avec le plus grand calme, dans cette situation presque désespérée, il rassemble ses hommes, établit une ligne de défense avec sa compagnie et les éléments du 46e qui ont réussi à s’échapper de la fournaise. Sous les ordres de ce chef, qui donne l’exemple à tous, bravant le danger, la ligne résiste et les assauts ennemis viennent se briser sous le feu de nos mitrailleuses. Le combat dure depuis plusieurs heures, mais les allemands ne gagnent plus un mètre de terrain. Des renforts arrivent qui vont rétablir la situation.

Dans ce combat meurtrier où de tous côtés les actes de bravoure se multiplient, citons, à côté du Lieutenant Courtès, fait chevalier de la Légion d’honneur pour son admirable courage, l’héroïque conduite du sergent Amier, dont la citation suivante et la médaille militaire relatent les hauts faits :

« Le 7 janvier 1915, a pris le commandement d’une section. Par son énergie et son courage, il résista à l’attaque allemande qui essayait de tourner sa gauche et lui fit éprouver des pertes énormes. Comme quelques homme, démoralisés, par la violence de l’attaque, essayaient de reculer, debout sous les balles, il les ramena sur la ligne et repoussa toutes les tentatives de l’ennemi. »

Nos pertes ont été lourdes. Le commandant Darc, ce chef aimé de tous, a trouvé la mort dans le combat. De nombreux officiers ont été tués, beaucoup d’hommes ont disparu.

Le colonel Roller, qui commandait le régiment, a été blessé, ainsi que le médecin Gerbault dont le dévouement et la bravoure faisaient l’admiration de tous.

Le 46e, épuisé par un séjour aux tranchées qui avait été long, et par l’effort fourni pour enrayer la formidable attaque allemande des Meurissons, va se reformer à l’arrière. » 

http://argonnaute.u-paris10.fr/search/result/#viewer_watch:a011403267960111pB2/8b5689e4dd

 

Le 1er janvier 1915, sur le plateau de Bolante, Louis Corentin est blessé (plaie à l’épaule droite) et est aussitôt évacué.

Le 8 janvier lors de l’attaque allemande, il est fait prisonnier au ravin des Meurissons.

 

Le plateau de Bolante et le ravin des Meurissons – Verdun - Meuse

 Il est transféré en Allemagne au camp de Meschede (Westphalie) 

ses compagnons :

- Alain Pierre Le Roy d’Elliant (Kervry) matr 3024 (p38/647) né le 24/11/1883

Au 46e ri de fontainebleau le 04/10/1914

Fait prisonnier le 08/01/1915 aux meurissons

Interné à meschede et transféré à witenberg

Rapatrié le 15/01/1919

 

- Jean Flochlay de Landrévarzec 

- Guillaume Jacq de Briec (Kerdrein) matr 80 (p105/639) né le 27/09/1882 

- Hervé trellu de Landrévarzec (Trohoet) matr 4 (p6/639) né le 30/01/1882 

Et aussi Jean Louis Quelen de Chateaulin, Yves Jolivet de Plogonnec

 

Ils sont libérés en décembre 1918, ainsi que plusieurs milliers de prisonniers français, ils sont débarqués dans le port de Cherbourg.